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Paradigme's blog
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2 mars 2005

Je m’effondrai sur le bitume. Le caractère raz la

Je m’effondrai sur le bitume. Le caractère raz la casquette, le caquet déconfit, l’asphalte au niveau des paupières. Elle m’avait viré, jeté, défenestré, déchambracouché, proprement rayé de sa liste des courses. Je tâtai mes contusions à l’âme. Rien de cassé, en apparence, mais tant de fêlures dans le mou de ma cervelle que le pot n’en valait pas la chandelle de recoller les morceaux du vase. Vase évasé, dévalisé, ovalisé de mon désir. Fin du voyage, annulation de billets, pas remboursés. Oh et puis… Moi aussi j’avais droit à l’errance, à l’erreur vagabonde : me v’là sur ce trottoir en compagnie de mes deux valises, même pas à roulettes. Fin du désir, panne du désir, contradiction mélancolique d’un Christ turgescent. Et quant bien même ! Ils n’avaient pas l’air de s’en douter, mes semblables si différents, si indifférents, qui me contournaient comme un de ces ronds-points new tendance.

Nous avions été deux être siamois à force de n’en former qu’un. Mêlés par la hanche, nos sexes alignés, bien dans le confort d’une chair assoupie. Allégorie bicéphale stylisée comme sur un cartouche de l’Egypte antiquaire. Promesse de rien, femme reconnaissable à ces deux excroissances sur le devant, deux balles de chair renvoyant à tous les fantasmes, curieusement.

Il me fallait faire le point, comme on dit d’un capitaine que la tempête a dérouté, et qui doit mener de nouveau son bâtiment sur la bonne erre. Moi, j’étais seul pour tous les postes à la manœuvre, à la fois capitaine, équipage et navire. Je n’avais que moi à diriger, que moi aussi pour donner la main : J’avais envie d’interroger les passants, "Qu’en pensez-vous ?", mais ils s’en foutaient, c’est bien connu.

Avec mes deux valises, je me dirigeai vers la gare.

 

Patrick

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