D'autres 2046
On peut passer à côté de lâme sur si on la rencontre trop
tôt ou trop tard
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2046 Pour moi, il sera bien trop tard, je naurai plus davenir Poussière Je serai poussière. Les atomes dazote, doxygène, de plomb vivront peut-être sous dautre forme, dans dautres corps Et si ces atomes revivaient dans des corps tant aimés du passé Le tram passe, ralentit, franchit le pont métallique qui surplombe le cimetière Les fantômes du passé le hantent. Il gît sans doute sous des mètres cubes de terre Je nétais quune adolescente timide, il était lami fidèle de la famille. Le collaborateur de mon père. Je me faufilais tous les matins dans les bureaux de lusine pour guetter son arrivée. La secrétaire avait mon affection filiale alors que du bureau directorial jobservais sa façon sportive daccrocher sa veste au perroquet de son bureau Lodeur des Cravens sans filtre provoque encore aujourdhui la même jouissance Jadmirais ses doigts impeccables ouvrir les dossiers Je savais quil viendrait saluer mon père et ne manquerait pas de membrasser en me saisissant par les épaules Jai toujours vécu cette attente en comptant les pas qui le séparaient de moi Les hommes que jaime doivent mattirer vers eux Jattends toujours cet instant magique. Charles ma vu grandir Un jour, il ne ma plus embrassée Jai abandonné mes visites matinales au paternel. Cest sans doute là quil a réalisé quil maimait et je nai rien compris Jaime toujours lodeur des Cravens, les longues mains fines et les costumes noirs Charles, cest le nom de mon fils.
Etranges, nos conduites dadulte
Le tram 2004 Passe maintenant en silence devant lhôtel de la Madeleine Ce parcours symbolique vers un retour aux sources de ma mémoire me donne loccasion dappuyer mon front sur la vitre froide Cest de la même manière que je lattendais dans cet hôtel du Cours Pasteur, guettant mon inconstant, ma folie, mon adolescent chevelu et la promesse de nos emportements sensuels. Nos jeux machiavéliques pour ces rencontres impossibles donnaient à notre passion sexuelle tout le sel et lexcitation dont elle se nourrissait.
Jarrivais toujours la première Je réservais la chambre pour deux jours Je minventais des obligations professionnelles lemployée scrupuleuse et méfiante Javais le tailleur strict, le cartable officiel Il sinventait des missions ponctuelles, un télégramme, un bouquet, une lettre de mon employeur
Jai toujours le regret des fiches à remplir où lon pouvait se créer des personnages de fiction
Avec mon bel adolescent, nous avons usé tous les hôtels de cette ligne puis nous avons pris des chemins de traverse
Renée
02-11-2004
On peut passer à côté de lâme sur si on la rencontre trop
tôt ou trop tard
Ou que reste-t-il après le désir ?
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Longtemps, jai cru que jaimerais. Ces affreux et fuyant fantômes de lamour mont trop souvent persécuté et privé de belles et aimantes images. Aujourdhui, je ne sais que trop bien, que tout comme la mer se retire pour dinterminables et trop longues heures, je ne verrai plu jamais réapparaître les visages du désir, noyés et engloutis, irrémédiablement noyés. Ces hypnotiques silhouettes féminines entraînant derrière elles des ombres sensuelles et parfumées, ces visages atomisés de lumière brûlante des étés égarés, ces corps sauvages qui glissaient dans le brouillard salé de la mer bleutée, tous ont insensiblement et douloureusement filé vers le large.
Seul le silence du jour et les stériles et banales choses du quotidien me sont restés fidèles. Aujourdhui encore, le bruit de la clé na pas tourné dans la serrure et les chaises vides ricanent silencieusement. Les amours de naguère sont minutieusement archivées, les actes manqués enregistrés, et les photos amoureuses de juillet ne sont plus quun tas de cendres. Les tentatives damour se sont rétrécies au fil des rencontres, clairsemées dâpres désillusions et damers départs. Les absences répétées et meurtrissantes renaissent, les rires et les joies ont pris un autre train, linvisible féminin se constitue et se modèle avec plus de force chaque jour, les attentes nen finissent plus de sallonger et de sétirer en mille minuscules plaintes. Neuf mois déjà que cette fade chambre dhôtel me renvoie lécho sonore de mon abandon. Et le maigre trousseau de clé tinte pareil à celui dun gardien de prison. Je rejoins mécaniquement tous les soirs ma cellule, la 2046. Elle est comme je lai laissée. Fermée à double tour, matin et soir. Lunivers nen finit pas de tourner autour de moi, je ne le sens que trop bien. Je ne peux plus entrer dans cette ronde commune. Le langage même ma été assassiné. Le langage, inaccessible rempart qui me rejette dans les fossés fangeux de lennui et de la solitude. Même le Tout-Puissant ma lâché la main et ne coordonnera plus jamais mes folles envies damour et de respirations parfumées. Seule la veilleuse terne du gaz accompagne ces soirées gelées et dilatées. Le mal est plus fort que tout. Il vous dérobe les ultimes forces restantes. Il se poste sur le seuil du futur gai et joyeux et guillotine avec un plaisir rare tous nos maigres sursauts amoureux. Le désir na que trop rarement de suite.
Jean Paul
On peut passer à côté de lâme sur si
on la rencontre trop tôt ou trop tard
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2046
En sens inverse, en supprimant le zéro, ça nous fait un bonhomme à la
6-4-2. Franchement, même en
mappliquant, il est plutôt moche mon
dessin et je ne voudrais
pas quune de mes conquêtes en ait eu le profil !
On passe toujours à côté des âmes sur
avant ou après.
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Pendant, tout est une
question de regrets, de remords, de rancur, de scrupules, voire de
culpabilité.
Et sil ny avait quun
seul trajet ? Le Trajet avec un grand T ? Un chemin dun autre
temps, qui conduit à la plus fantastique des existences, celle de vivre au
présent, de navoir jamais à choisir ou à mélanger.
Où se situerait son point
de départ ? Où serait la seule et véritable vie possible pour que toutes les
âmes surs tourbillonnent et se regroupent sur une même personne ?
Il y a ce chiffre, 2046.
Cest un point clé.
Il ne dure quune minute.
Durant ces soixante
secondes, des portes souvrent à vous et si vous en avez conscience, vous les
emprunterez, vous ne les rendrez plus jamais, et vous serez lêtre suprême,
celui qui vit dans lopulence de la satisfaction amoureuse, sans aucun regret,
remords, rancur, scrupules ou même culpabilité.
2046. En mois, cest 17 ans
et des poussières. Et à 17 ans, le monde entier est à soi, en particulier les
curs solitaires ou à prendre. A 17 ans, on est beau parce quon est jeune et
seul, les illusions nous bercent. On peut tout faire à 17 ans, même et surtout
davoir 2047 conquêtes et dans cette minute invraisemblable, on peut choisir de
les garder toutes, en noubliant surtout pas la 2046ème, sans regrets,
remords, rancur, scrupules ou culpabilité.
Et mon bonhomme est bien
peu attrayant avec son il unique, son nez pointu et son menton en retrait. Il
est le dessin que je faisais à lâge de 16 ans, 11 mois et 29j ours, juste
avant de pousser la porte, trouvée là par hasard.
Ce fut le 2 janvier !
A 10 h 10, exactement ! A la 34ème heure de lannée, soit 2046
minutes depuis les feux dartifices. Vous voyez, on revient toujours au même
nombre, quoi quon fasse, quoi quon aime, cest terrible dêtre marqué au fer
rouge de ces chiffres incessants, ordonnés comme suit : 2046 !
Voilà, il ne me reste plus
beaucoup de temps maintenant, 2046 secondes en réalité, pour dresser la liste :
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François
>
Marc
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Maurice
>
Olivier
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Stéphane
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André
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Philippe
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Laurent
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Thierry
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Jean Luc
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Eric
>
Xavier
>
Pedro
>
Ludo
>
Jean Marc
>
Sylvain
>
Franck
>
Christian
>
Pierre
>
Pascal
>
Laurent
>
Eric
>
Pierre
>
Pascal
>
Pascal
>
Jean Denis
NON !!! Laissez-moi
2046 ans supplémentaires à vivre pour que je puisse vous les raconter tous,
maintenant, sans aucuns regrets, remords, rancur, scrupules et culpabilité.
Agnès