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10 novembre 2004

D'autres 2046

 

On peut passer à côté de l’âme sœur si on la rencontre trop tôt ou trop tard

 

2046… Pour moi, il sera bien trop tard, je n’aurai plus d’avenir… Poussière… Je serai poussière. Les atomes d’azote, d’oxygène, de plomb vivront peut-être sous d’autre forme, dans d’autres corps… Et si ces atomes revivaient dans des corps tant aimés du passé… Le tram passe, ralentit, franchit le pont métallique qui surplombe le cimetière… Les fantômes du passé le hantent. Il gît sans doute sous des mètres cubes de terre… Je n’étais qu’une adolescente timide, il était l’ami fidèle de la famille. Le collaborateur de mon père. Je me faufilais tous les matins dans les bureaux de l’usine pour guetter son arrivée. La secrétaire avait mon affection filiale alors que du bureau directorial j’observais sa façon sportive d’accrocher sa veste au perroquet de son bureau… L’odeur des Cravens sans filtre provoque encore aujourd’hui la même jouissance… J’admirais ses doigts impeccables ouvrir les dossiers… Je savais qu’il viendrait saluer mon père et ne manquerait pas de m’embrasser en me saisissant par les épaules… J’ai toujours vécu cette attente en comptant les pas qui le séparaient de moi… Les hommes que j’aime doivent m’attirer vers eux… J’attends toujours cet instant magique. Charles m’a vu grandir… Un jour, il ne m’a plus embrassée… J’ai abandonné mes visites matinales au paternel. C’est sans doute là qu’il a réalisé qu’il m’aimait et je n’ai rien compris… J’aime toujours l’odeur des Cravens, les longues mains fines et les costumes noirs… Charles, c’est le nom de mon fils.

Etranges, nos conduites d’adulte…

Le tram 2004… Passe maintenant en silence devant l’hôtel de la Madeleine… Ce parcours symbolique vers un retour aux sources de ma mémoire me donne l’occasion d’appuyer mon front sur la vitre froide… C’est de la même manière que je l’attendais… dans cet hôtel du Cours Pasteur, guettant mon inconstant, ma folie, mon adolescent chevelu et la promesse de nos emportements sensuels. Nos jeux machiavéliques pour ces rencontres impossibles donnaient à notre passion sexuelle tout le sel et l’excitation dont elle se nourrissait.

J’arrivais toujours la première… Je réservais la chambre pour deux jours… Je m’inventais des obligations professionnelles… l’employée scrupuleuse et méfiante… J’avais le tailleur strict, le cartable officiel… Il s’inventait des missions ponctuelles, un télégramme, un bouquet, une lettre de mon employeur…

J’ai toujours le regret des fiches à remplir où l’on pouvait se créer des personnages de fiction…

Avec mon bel adolescent, nous avons usé tous les hôtels de cette ligne… puis nous avons pris des chemins de traverse…

Renée

02-11-2004

On peut passer à côté de l’âme sœur si on la rencontre trop tôt ou trop tard
Ou que reste-t-il après le désir ?

 

Longtemps, j’ai cru que j’aimerais. Ces affreux et fuyant fantômes de l’amour m’ont trop souvent persécuté et privé de belles et aimantes images. Aujourd’hui, je ne sais que trop bien, que tout comme la mer se retire pour d’interminables et trop longues heures, je ne verrai plu jamais réapparaître les visages du désir, noyés et engloutis, irrémédiablement noyés. Ces hypnotiques silhouettes féminines entraînant derrière elles des ombres sensuelles et parfumées, ces visages atomisés de lumière brûlante des étés égarés, ces corps sauvages qui glissaient dans le brouillard salé de la mer bleutée, tous ont insensiblement et douloureusement filé vers le large.

Seul le silence du jour et les stériles et banales choses du quotidien me sont restés fidèles. Aujourd’hui encore, le bruit de la clé n’a pas tourné dans la serrure et les chaises vides ricanent silencieusement. Les amours de naguère sont minutieusement archivées, les actes manqués enregistrés, et les photos amoureuses de juillet ne sont plus qu’un tas de cendres. Les tentatives d’amour se sont rétrécies au fil des rencontres, clairsemées d’âpres désillusions et d’amers départs. Les absences répétées et meurtrissantes renaissent, les rires et les joies ont pris un autre train, l’invisible féminin se constitue et se modèle avec plus de force chaque jour, les attentes n’en finissent plus de s’allonger et de s’étirer en mille minuscules plaintes. Neuf mois déjà que cette fade chambre d’hôtel me renvoie l’écho sonore de mon abandon. Et le maigre trousseau de clé tinte pareil à celui d’un gardien de prison. Je rejoins mécaniquement tous les soirs ma cellule, la 2046. Elle est comme je l’ai laissée. Fermée à double tour, matin et soir. L’univers n’en finit pas de tourner autour de moi, je ne le sens que trop bien. Je ne peux plus entrer dans cette ronde commune. Le langage même m’a été assassiné. Le langage, inaccessible rempart qui me rejette dans les fossés fangeux de l’ennui et de la solitude. Même le Tout-Puissant m’a lâché la main et ne coordonnera plus jamais mes folles envies d’amour et de respirations parfumées. Seule la veilleuse terne du gaz accompagne ces soirées gelées et dilatées. Le mal est plus fort que tout. Il vous dérobe les ultimes forces restantes. Il se poste sur le seuil du futur gai et joyeux et guillotine avec un plaisir rare tous nos maigres sursauts amoureux. Le désir n’a que trop rarement de suite.

Jean Paul

 

 

On peut passer à côté de l’âme sœur si on la rencontre trop tôt ou trop tard

 

2046 – En sens inverse, en supprimant le zéro, ça nous fait un bonhomme à la

 

 

6-4-2.             Franchement, même en m’appliquant, il est plutôt moche mon

 

dessin et je ne voudrais pas qu’une de mes conquêtes en ait eu le profil !

On passe toujours à côté des âmes sœur avant ou après.

Pendant, tout est une question de regrets, de remords, de rancœur, de scrupules, voire de culpabilité.

Et s’il n’y avait qu’un seul trajet ? Le Trajet avec un grand T ? Un chemin d’un autre temps, qui conduit à la plus fantastique des existences, celle de vivre au présent, de n’avoir jamais à choisir ou à mélanger.

Où se situerait son point de départ ? Où serait la seule et véritable vie possible pour que toutes les âmes sœurs tourbillonnent et se regroupent sur une même personne ?

Il y a ce chiffre, 2046.

C’est un point clé.

Il ne dure qu’une minute.

Durant ces soixante secondes, des portes s’ouvrent à vous et si vous en avez conscience, vous les emprunterez, vous ne les rendrez plus jamais, et vous serez l’être suprême, celui qui vit dans l’opulence de la satisfaction amoureuse, sans aucun regret, remords, rancœur, scrupules ou même culpabilité.

2046. En mois, c’est 17 ans et des poussières. Et à 17 ans, le monde entier est à soi, en particulier les cœurs solitaires ou à prendre. A 17 ans, on est beau parce qu’on est jeune et seul, les illusions nous bercent. On peut tout faire à 17 ans, même et surtout d’avoir 2047 conquêtes et dans cette minute invraisemblable, on peut choisir de les garder toutes, en n’oubliant surtout pas la 2046ème, sans regrets, remords, rancœur, scrupules ou culpabilité.

Et mon bonhomme est bien peu attrayant avec son œil unique, son nez pointu et son menton en retrait. Il est le dessin que je faisais à l’âge de 16 ans, 11 mois et 29j ours, juste avant de pousser la porte, trouvée là par hasard.

Ce fut le 2 janvier ! A 10 h 10, exactement ! A la 34ème heure de l’année, soit 2046 minutes depuis les feux d’artifices. Vous voyez, on revient toujours au même nombre, quoi qu’on fasse, quoi qu’on aime, c’est terrible d’être marqué au fer rouge de ces chiffres incessants, ordonnés comme suit : 2046 !

Voilà, il ne me reste plus beaucoup de temps maintenant, 2046 secondes en réalité, pour dresser la liste :

>       François

>       Marc

>       Maurice

>       Olivier

>       Stéphane

>       André

>       Philippe

>       Laurent

>       Thierry

>       Jean Luc

>       Eric

>       Xavier

>       Pedro

>       Ludo

>       Jean Marc

>       Sylvain

>       Franck

>       Christian

>       Pierre

>       Pascal

>       Laurent

>       Eric

>       Pierre

>       Pascal

>       Pascal

>       Jean Denis

 

NON !!! Laissez-moi 2046 ans supplémentaires à vivre pour que je puisse vous les raconter tous, maintenant, sans aucuns regrets, remords, rancœur, scrupules et culpabilité.

Agnès


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